Partie de Saint-Dizier, “La Beauté sauvera le monde” a conquis toute la France
En 2021, au sortir de la pandémie de covid, la ville de Saint-Dizier a affiché sur de grands panneaux publicitaires des œuvres d’artistes du monde entier. Professant que “la Beauté sauvera le monde”, l’initiative s’est vite étendue à d’autres villes et prend, cette année, une ampleur nationale.

Affichées en grand format sur des panneaux publicitaires, ces reproductions d’œuvres d’art n’annoncent pas d’exposition, mais reproduisent l’affirmation de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski: “La beauté sauvera le monde”. Cette initiative inédite, partie du Grand
Est, s’étend progressivement en France. Tout a commencé en 2021. Nous sommes au sortir de la pandémie de covid, l’isolement a marqué les esprits , les musées et autres lieux culturels ont été fermés… La ville de Saint-Dizier, en Haute-Marne, décide alors de réserver une cinquantaine d’espaces publicitaires pour y afficher d’immenses photos de toiles de maître du monde entier. Dans “L’Idiot” de Dostoeïvski, le prince Mychkine l’assure : “La beauté sauvera le monde”. Cette conviction est désormais partagée un peu partout en France.

Quentin Brière, maire de Saint-Dizier. DR
“L’espace public est le dernier lieu qu’ont en commun, ceux qui n’ont plus rien en commun”, rappelle régulièrement Quentin Brière (divers droite), maire de la sous-préfecture haut-marnaise et créateur du dispositif.
Les trucs qui marchent
Montée de façon quasi-artisanale par les élus et les équipes de cette ville de 22.800 habitants, l’opération “La Beauté sauvera le monde” a vite suscité l’adhésion, et pas seulement des habitants. En 2022, la Ville a signé un partenariat avec le Grand Palais - Réunion des musées nationaux (GrandPalaisRmn). Parallèlement, Saint-Dizier est repérée par la Fédération française des Trucs qui marchent, qui valorise les initiatives à la fois locales et facilement duplicables. Effectivement, ça marche. Deux autres villes testent le dispositif dès l’année suivante.
Un panneau pour cadre
En 2024, d’Aix-en-Provence à Longwy, 32 communes se sont jointes à la démarche. Elles ont dupliqué simultanément des œuvres d’art, du 16 novembre au 8 décembre. Une sélection d’artistes, d’Auguste Renoir au Canaletto, de Georges de La Tour à Monet, ont été présentées sur des panneaux publicitaires, des abribus, des transports en commun, des vitrines de magasins, des bâches de chantiers, des frontons de bâtiments publics, des grilles de jardins… “La Nuit étoilée” de Vincent Van Gogh a été le tableau le plus sélectionné par ces collectivités de toutes tailles, réparties à travers onze régions sur les 13 que comptent la métropole.
“L’opération a pris une telle ampleur qu’elle se structure cette année sous forme d’association. C’est elle qui va en assurer la gestion, mais Saint-Dizier reste partie prenante”, précise Pauline Picard, chargée des relations médias au sein de communauté d’agglomération Grand Saint-Dizier, Der & Vallées.
Des hôpitaux aux écoles
En franchissant une nouvelle étape, ce dispositif va pouvoir s’étendre à tout le pays avec l’appui de Villes de France, une association pluraliste d’élus de communes entre 10.000 et 100.000 âmes, et le soutien du ministère de la Culture. Ce ne sont plus seulement les espaces publics qui sont ciblés, mais aussi les ambassades, les écoles, les hôpitaux et même les habitants qui le souhaitent. Plusieurs outils facilitent le déploiement à l’échelon national : un site internet, un kit de démarrage et un accompagnement personnalisé. Le GrandPalaisRmn va également apporter son soutien aux institutions culturelles locales pour sélectionner les œuvres et a élaboré une grille tarifaire de droits plus avantageuses pour les collectivités.
Une beauté public-privé
L’entreprise Bouygues Bâtiment France continuera, quant à elle, à mettre à disposition des bâches et autres supports sur ses chantiers. Côté entreprise publique, la SNCF Gares & Connexions, filiale qui gère les 3.000 gares de l’Hexagone, entre à son tour dans la danse.
Une fois ces opérations achevées, les affiches ne sont pas jetées mais réemployées dans les écoles, les services publics ou encore offertes aux commerces et aux habitants. Bref, la beauté sera sauvée.

Portée par les élus et les équipes municipales, l’initiative bragarde a démarré de façon quasi-artisanale. DR
Des espaces publicitaires aux bâches de chantier, le dispositif “La Beauté sauvera le monde” s’est emparé de toutes sortes de supports dans l’espace public. DR