De Michel Vaillant à Apollinaire, l’abbaye de Stavelot mène la course en tête
L’abbaye de Stavelot n’est pas qu’un patrimoine wallon exceptionnel. Depuis sa réouverture, elle abrite trois musées d'envergure. On y croise aussi bien un moine vosgien que l’un des plus grands poètes français et le légendaire pilote du circuit de Spa-Francorchamps.

L’abbaye de Stavelot est une bénédiction pour les curieux de tous horizons. Située à une vingtaine de kilomètres de la cité thermale wallonne de Spa, elle réunit en son sein pas moins de trois grands musées, réputés et originaux: l’un est historique et raconte un millénaire d’influence européenne de ce site fondé par un moine originaire des Vosges saônoises; l’autre est dédié au mythique circuit de course automobile de Spa-Francorchamps avec, depuis l’an dernier, un espace permanent consacré au pilote de bande dessinée Michel Vaillant; le troisième, enfin, est l’unique musée Guillaume Apollinaire au monde, le poète ayant brièvement vécu dans la région, le temps néanmoins d’y rencontrer sa première grande inspiratrice.
A cette galaxie s’ajoute actuellement l’exposition temporaire “De la Terre aux étoiles” qui explore tous les enjeux de l’espace, de la géopolitique à la recherche médicale. En route donc.
C’est l’histoire d’une Principauté. Inscrite au Patrimoine exceptionnel de la Région wallonne, l'abbaye est l’une des plus anciennes fondations monastiques de Belgique. Entre 651, année de sa création par Saint-Remacle, moine du monastère de Luxeuil-les-Bains, et la Révolution française, la Principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy a rayonné religieusement, culturellement, politiquement et économiquement par-delà les frontières belges, de la Loire jusqu’à l’Empire germanique. Le musée retrace l’histoire de cet Etat de l’Ancien Régime, à travers un itinéraire qui mêle iconographies et musiques anciennes, artefacts et œuvres d’art. Des vestiges de l’église du XIème siècle ont, en outre, été récemment mis au jour.
Michel Vaillant dans le circuit. Le musée du circuit de Spa-Francorchamps se trouve dans les salles voûtées de l’abbaye. Des documents visuels, une grande maquette, des consoles et des véhicules d’exception -Ferrari, March, Chevron, Porsche, Cooper…-, régulièrement renouvelés, font revivre l’épopée de l’une des pistes internationales les plus appréciées des pilotes en raison de la variété de son tracé. D’autres gloires y sont mises en lumière, parmi lesquelles les “Demoiselles de Herstal”, surnom des anciennes motos fabriquées à Liège.
En prime, en 2024, le musée a ouvert un espace dédié au héros de la bande dessinée franco-belge Michel Vaillant dont la première aventure est parue en 1957 dans le Journal de Tintin. Les visiteurs peuvent y revivre les exploits de ce pilote de fiction, en particulier sur le circuit de Spa entre 1958 et 1982, grâce à des extraits de planches de BD comme à deux voitures authentiques similaires à celles qui ont inspiré le créateur de l’écurie automobile la Vaillante, le scénariste et dessinateur Jean Graton (Nantes 1923-Bruxelles 2021).
“La joie venait toujours après la peine”. L’auteur du “Pont Mirabeau” (dont est tiré ce vers) ou encore de “La Chanson du Mal aimé” avait suivi jusqu’à Spa et ses casinos, sa mère, la fantasque comtesse Olga-Angelica de Kostrowitzky et le jeune compagnon de celle-ci, le Strasbourgeois Jules Weil. Le séjour fut court et mouvementé. Mais c’est là que Guillaume Apollinaire a rencontré sa première muse et a définitivement gravé dans sa mémoire les paysages de l’Ardenne stavelotaine.

Guillaume Apollinaire s’était engagé comme soldat et avait été grièvement blessé à la tempe en 1916. DR
En 1954, un premier musée a ouvert à Stavelot en hommage à celui qui est considéré comme l’un des plus grands poètes et écrivains français. Depuis 2002, date de la réouverture de l’ensemble du site de l’abbaye par la Région wallonne, il y a été intégré, sous une nouvelle forme. On y déambule entre les témoignages, des salons de lectures, des œuvres picturales ou sculpturales d’artistes amis d’Apollinaire (Picasso, Zadkine, Marie Laurencin, Chagall, Cocteau…). Le musée dispose également d’un fonds de documentation unique, composé d’un millier d’ouvrages, qui est accessible aux chercheurs sur rendez-vous.
“De la Terre aux étoiles”. Encore visible jusqu’au 1er juin, cette exposition résulte d’une collaboration entre l’abbaye de Stavelot, la Cité de l’espace de Toulouse et l’Eurospace Center de Transinne en Wallonie. Par le biais d’objets, de films, de maquettes et d’animations, elle propose cinq parcours thématiques: observer la Terre, aller dans l’espace, habiter l’espace, explorer le système solaire, découvrir l’univers. Un focus sur l’exploration spatiale en Belgique, à travers ses astronautes, ses scientifiques et ses entreprises, vient aussi, à juste titre, rappeler l’engagement de la Belgique dans ce domaine. Le pays est d’ailleurs le cinquième contributeur à l’Agence spatiale européenne (ESA).

L’abbaye est nichée dans ce qu’on appelle le triangle d’or Spa-Stavelot-Malmedy. DR
Un espace dédié au héros de bande dessinée Michel Vaillant a été inauguré l’an dernier dans le musée du circuit de Spa-Francorchamps. DR