A Charleville-Mézières, le Festival et l’Institut de la marionnette se marient

Sans Rimbaud, Charleville-Mézières, ville natale du poète, ne serait peut-être pas aussi connue à travers le monde. Mais sans Jacques Félix (1923-2006) non plus. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, cet Ardennais a fondé la compagnie artistique Les Petits Comédiens de chiffons devenue, à partir de 1961, la structure porteuse du Festival mondial des Théâtres de marionnettes, le plus grand rendez-vous de cet art au niveau international. Vingt ans après, en 1981, il a créé l’Institut international de la marionnette qui accueille des artistes et des chercheurs, avant de se doter de l’unique école supérieure des arts de la marionnette au monde. Depuis le 1er janvier dernier, ces deux associations ne forment plus qu’une seule entité, le bien nommé Pôle international de la marionnette-Jacques Félix. La naissance de cet établissement répond aux préconisations du ministère de la Culture… mais aussi à une intuition de Jacques Félix qui en avait formulé l’idée dès 1978, selon une note récemment retrouvée.

Les conclusions du rapport de 2022, commandé par l’ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot et confié à Frédéric Maurin, personnalité très investie dans le champ de la marionnette en France, aujourd’hui président du Pôle, concluait en effet à la nécessité de “redonner du sens et une ambition nouvelle à la présence de la marionnette à Charleville-Mézières (...) D’une part, pour la filière marionnette et, d’autre part, pour sécuriser et pérenniser ces formidables aventures qui pourraient, ensemble, devenir une des institutions majeures du paysage culturel de demain”. Dès lors, le ministère de la Culture et les collectivités territoriales partenaires ont incité à la fusion des deux maisons. Le travail de structuration et de dialogue avec les équipes a été piloté par un comité de préfiguration de ce pôle de référence.

L’“articulation fine entre les différentes activités” qu’il entend mettre en oeuvre peut amplifier un fort potentiel. Grand succès populaire, le Festival mondial des Théâtres de marionnettes est également “le” rendez-vous à ne pas manquer pour quelque 400 responsables de programmation de tous continents. Dans un autre registre, la manifestation pourra aussi bien être l’occasion de valoriser la collection de 1.500 marionnettes patrimoniales qu’abrite Charleville-Mézières que des résultats de la recherche sur cet art. Lequel ne cesse de se renouveler et de surprendre. L’accueil d’artistes au sein de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette-Margareta Niculescu (Esnam) ou encore la possibilité pour les futurs diplômés de s’adosser au festival, et inversement, va également dans le sens de cette dynamique.