Moselle - Sarre - Europe

Une autoroute numérique 5G longera le bitume sur l’axe Metz – Sarrebruck

Le projet européen Autobahn to Autoroute jalonnera des pylônes adaptés à la 5G sur soixante kilomètres d’autoroutes en Moselle et en Sarre. La nouvelle infrastructure permettra de proposer des services plus ou moins utiles, du visionnage de vidéos en voiture au développement d’une conduite autonome sans accident, avec ou sans chauffeur.  

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© André Faber

L’interconnexion en 5G des autoroutes transfrontalières a franchi une nouvelle étape avec l’avènement du projet 5G Autobahn to Autoroute" (5G A2A), porté par deux opérateurs de téléphonie en lien étroit avec l’université sarroise HTW Saar. Le leader européen des pylônes, Vantage Power, implantera huit nouveaux mâts sur un tronçon de 55 km au long de l’A4 et de l’A320 du côté lorrain, et de 5 km sur l’A6 en Sarre. Le projet, dont le montant n’est pas communiqué, associe Orange et O2, implanté sur le marché allemand. Souvent concurrents à l’échelle européenne, les deux opérateurs trouvent dans la Grande Région un territoire propice aux complémentarités.

« L’axe Sarrebruck – Metz se situe sur les grands corridors internationaux. Très fréquenté, il constitue un territoire représentatif où se sont déjà effectuées des expérimentations pionnières », rappelle le service communication d’Orange.

Une nouvelle infrastructure 5G doit permettre de déployer de nouveaux services à l’intention des automobilistes et des entreprises empruntant le réseau autoroutier transfrontalier. Totem, filiale d’Orange, et O2, engagent un chantier de trois ans pour réaménager une dizaine de pylônes et en implanter huit autres. Pour ces derniers, la recherche du foncier, les études préalables, la pose des poteaux et de leur socle, le raccordement au réseau fibre optique et les réglages nécessitent deux ans de travaux.

L’héritage de 5GCroCO

5G Autobahn to Autoroute s’inscrit dans la droite ligne de 5GCroCO (Fifth Generation Cross-Border Control), qui a mobilisé 17 millions d’euros en 2021. La HTW, les opérateurs téléphoniques et plusieurs constructeurs et équipementiers avaient expérimenté en situation réelle les aléas de la circulation en mode autonome. Plusieurs véhicules connectés ont circulé sur une départementale entre Spicheren (Moselle) et Sarrebruck pour tester leur comportement en cas de bouchons ou de ralentissements. Des camions dirigés à partir d’un poste de commandes basé au Luxembourg ont effectué des manœuvres sans chauffeur sur l’aire frontalière de la Brême d’or, près de Sarrebruck, à partir d’un poste de commandement basé au Luxembourg.

Le numérique prend l’autoroute

La nouvelle infrastructure 5G Autobahn to Autoroute permettra de vérifier que le corpus de normes européennes des opérateurs et des véhicules est réellement compatible aux frontières, là où la 3G et la 4G avaient multiplié les zones grises ainsi que les facturations abusives.  

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Fabien Coulet, HTW. © HTW.

« Les études conduites pour 5GCroCO entrent dans une phase plus mature en inscrivant réellement les expérimentations sur l’autoroute physique, qui sera doublée par une infrastructure numérique. A l’avenir, les autoroutes numériques seront aussi importantes que les autoroutes en bitume », estime Fabien Coulet, chercheur à la HTW.

Le membre du centre de compétences Future - Transportation - Society (FTS) (Kompetenzzentrum Future - Transportation - Society)  de la HTW s’implique régulièrement dans de grands projets d’électromobilité et de conduite autonome.

Un insatiable appétit de gigabits

La 5G, dont nul n’ignore l’insatiable consommation de gigabits, apportera des services dont les premiers cas d’usage laissent perplexes. La 5G permettait ainsi de transformer son véhicule en salon où les passagers – et, à terme, le conducteur – pourraient regarder des séries en streaming sans craindre de coupure. Orange indique ainsi « accompagner l’explosion de la consommation de gigabits ».

L’autoroute en 5G s’inscrit aussi dans les systèmes Adas (Advanced Driver Assistance Systems) que l’Union européenne compte déployer pour accroître la sécurité des conducteurs et viser le Zéro accident mortel. Les échanges numérisés entre véhicules y tiennent une place importante. « A la différence de Tesla, qui fonctionne en modèle fermé, l’Europe développe un modèle de mobilité connectée ouverte et collaborative », rappelle Fabien Coulet. D’ici à la fin de la décennie, les automobilistes sarrois et lorrains s’engageront, à l’allure de la circulation autoroutière, dans l’aventure de  la  conduite connectée transfrontalière.

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