Lorraine

L’Académie nationale de Metz, gardienne de l’histoire culturelle lorraine

Voici 264  ans que l’histoire de l’Académie nationale de Metz se confond avec celle de la France et de la Lorraine. Dédiée au progrès des lettres, de la science et des arts, l’institution messine s’est ouverte aux thématiques contemporaines et aux cultures frontalières.

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© Pascale Braun

Ce vendredi 14 juin, l’Académie nationale de Metz réunira ses membres au Salon Charlemagne, immense salle d’apparat de la gare de Metz. Installée en Nexirue, dans le quartier médiéval de Metz, l’institution est aussi chez elle à l’Hôtel de ville, où sont remis la plupart de ses prix, à la préfecture où elle organise certains colloques, au Musée de la Cour d’Or, qui l’a accueillie en soirée, ou plus largement, dans les lieux de culture de Trèves, Bastogne ou Cracovie où elle est conviée. Ses 120 membres, dont 32 membres associés, 36 titulaires et un nombre variable de correspondants, se réunissent chaque mois dans ou hors les murs pour des conférences aussi érudites qu’éclectiques. 

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Raymond Oliger, président de l’Académie nationale de Metz.© Pascale Braun

« Notre Académie repose sur deux piliers : l’histoire et la tradition d’une part, la représentation de l’université, de la science et de la société d’autre part. J’ai tenu à préserver cet équilibre tout en ouvrant l’académie à la réalité des forces vives de l’industrie, du numérique, de l’environnement et du sociétal », explique Raymond Oliger, président de l’Académie nationale de Metz depuis deux ans.

L’ancien professeur de philosophie devenu directeur de l’hôpital de Metz, puis président de la fédération des banques populaires, décrit une assemblée où se côtoient des mathématiciens, des chef.fes d’entreprise, des ecclésiastiques, des journalistes ou des écrivains unis par le souci d’être utiles, comme l’indique la devise de l’Académie.

Patente royale

Fondée en 1757 par  le maréchal duc de Belle-Isle sous forme de Société d’études des sciences et de l’art de la ville de Metz,  puis dotée, par patente du roi Louis XV, du statut d’académie trois ans plus tard, l’institution n’a connu en deux siècles et demi d’existence que quelques éclipses. Dissoute en 1793 – alors même qu’elle comptait parmi ses lauréats le révolutionnaire Maximilien de Robespierre - elle a réapparu en 1828 sous Charles X, qui l’a reconnue d’utilité publique. Après la guerre de 1870, ses membres ont choisi de mettre l’institution en sommeil, supprimant les séances publiques et refusant de rédiger ses publications en allemand. La Première Guerre mondiale l’a fait disparaître durant quatre ans et la Deuxième Guerre mondiale l’a réduite au silence de 1940 à 1944.

Vertu et mérite

La dizaine de prix de l’Académie messine épousent deux siècles d’histoire mosellane. Les prix de fondation portent tous le nom de généreux donateurs. Décerné tous les deux ans, le prix  Chabot-Didot rend hommage à l’homme d’affaires fortuné qui, en 1914, légua une fortune à l’Académie à condition que Metz redevienne française et que l’Académie publie une bibliographie de la Lorraine. Elle décerne également tous les ans les prix Colonel Bouchotte, attribué l’an dernier à l’association Secouristes sans frontière de Moselle, et le prix Mademoiselle Bouchotte, ex-prix de vertu devenu prix du mérite, qui est revenu en 2023 à Aurore Saintigny, fondatrice de la société Calinescence qui procure aux bébés prématurés le réconfort d’un doudou hight-tech.

La culture du don

L’Académie décerne les prix d’histoire Herpin et le Hinzelin, le prix Ladoucette, encourageant les actes de charité et de dévouement, le prix Vever attribué l’an dernier à l’artiste et militante albanaise Lujeta,  ou encore, le prix Pêcheur – du nom d’un ancien notaire qui fit don  à l’Académie de ses obligations de la Société des Chemins de fer de l’Est. De nouveaux donateurs sont venus compléter la liste, tel le fonds de dotation Demathieu Bard Initiatives, porté par le major mosellan des travaux publics, ou le prix Paul-Vautrin, maire de Metz de 1924 à 1938, dont la famille a souhaité récompenser tous les deux ans des travaux d’étudiants et de doctorants de l’Université de Lorraine. L’Académie décerne également ses propres prix  littérature, arts, histoire, littérature et histoire,  sciences et techniques, sciences juridiques et économiques ou encore, le nouveau prix Jeunesse.  Les prix s’accompagnent de récompenses de 1.000 et 2.000 euros.

20.000 ouvrages

Depuis 1818, l’Académie publie scrupuleusement chaque année des Mémoires qui compilent les contributions de ses membres. L’édition 2023 témoigne du foisonnement intellectuel messin. De l’essai  « Comment améliorer l’enseignement des mathématiques », par Serge Perrine, ancien directeur du campus Supelec de Metz, à « la Lorraine de Jean-Morette » décrite par le journaliste Francis Kochert en passant par « les débuts du christianisme à Trèves » retracés par Raymond Oliger,   ou des réflexions sur la fin de vie, la désinformation médicale ou les modèles de système bancaires, les 350 pages enjambent allègrement les siècles en enfourchant les thématiques les plus diverses.

Après parution, les Mémoires et autres publications des membres rejoignent une impressionnante bibliothèque de 20.000 volumes, dont les plus anciens remontent au XVIème siècle. Parmi ses trésors figurent l’Histoire lorraine de Dom Calmet (1748) ou les œuvres intégrales de Voltaire dans leur édition de 1821. Aucun livre ne sort jamais des murs, mais l’Académie accueille volontiers les amateurs d’histoire et de culture sur rendez-vous.

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Les ouvrages les plus anciens remontent au XVIème siècle.© Pascale Braun

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