Grande Région - Rhin supérieur

Parking-relais frontaliers : un même objectif, des voies différentes

Permettre au frontalier de garer sa voiture pour prendre un transport en commun jusqu’à son lieu de travail :  la vertu de cette pratique n’échappe pas aux collectivités riveraines de la Suisse et du Luxembourg, dont les routes sont engorgées. Entre subvention classique et fonds dédies, la mise en place des offres obéit à des principes différents.

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Le nouveau parking de la gare de Thionville (Moselle) est cofinancé par le Luxembourg. © Région Grand Est

Qui doit payer pour les déplacements des frontaliers ? Lancinante est la question du financement des infrastructures devant permettre de soulager le trafic routier entre le domicile et le lieu de travail de la foule des actifs qui réside en France et travaille en Suisse ou au Luxembourg.

Elle ressurgit à l’occasion d’un rapport rendu en début d’année par le Medef de Franche-Comté sur le sujet plus général des distorsions que subissent les employeurs français face à leurs homologues helvétiques. Parmi les sujets abordés, l’organisation patronale s’est penchée sur les parkings-relais et aires de covoiturage, situés en territoire frontalier français. Elle demande leur prise en charge par les Suisses alors que selon le Medef, celle-ci est assurée de fait par les employeurs français, au titre de leur « versement mobilité ». Cette taxe obligatoire fondée sur la masse salariale versée aux collectivités constitue leur contribution au financement d’infrastructures de transport en commun tels les trams ou les bus.

Faire passer les employeurs suisses à la caisse ?

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Emmanuel Viellard, président du Medef Franche-Comté. © Groupe Lisi

« Le versement mobilité, dont le taux a d’ailleurs explosé ces dernières années dans le Territoire de Belfort par exemple, est quelque chose d’extraordinaire : nous payons pour réaliser des parkings de covoiturage permettant à notre population d’active d’aller travailler chez nos voisins ! Si les Suisses veulent attirer nos talents, laissons-les construire eux-mêmes leurs parkings, ou payer les nôtres », plaide Emmanuel Viellard, président du Medef de Franche-Comté.

Un mécanisme proche existe, mais très ponctuel : dans la ville de Bâle, le « Fonds mobilité », anciennement dénommé fonds des navetteurs (Pendlerfonds) et géré par le canton, affecte ses recettes directement à des projets « favorables à l’environnement » dans le périmètre transfrontalier de l’agglomération trinationale de Bâle.

Le fonds mobilité, une exception bâloise

Les  automobilistes financent cette manne par un prélèvement sur le prix du parking qu’ils acquittent à Bâle ou sur leur abonnement de résidents. Les deux sources abondent le fonds, à hauteur d’environ 3,5 millions de francs suisses chaque année. En fonction de l’ampleur de l’impact attendu d’un projet sur le trafic routier, le fonds peut soutenir celui-ci à hauteur de 20 à 60 %.« Un total de 44 projets a été financé de la sorte depuis 2013 », expose Doreen Heinzmann, secrétaire du Fonds de mobilité. 

Outre une participation à l’extension du tram de Bâle à Saint-Louis, les subventions les plus importantes ont concerné le parking-relais construit dans cette ville alsacienne entre la gare et le terminus du tram (882 000 francs suisses alloués), une station de vélo à Liestal la capitale du canton de Bâle-campagne, différents parkings,  Velospot, une offre de vélos en libre-service,  ou plus récemment, fin 2024, une application de covoiturage à Lörrach en Allemagne.

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L'offre transfrontalière de vélos en libre-service Velospot. © ETB

Intéressant en soi, le principe du fonds de mobilité reste un cas particulier. Unique en Suisse, sa transposition aux cantons voisins de  Bâle-ville n’est pas à l’ordre du jour.

50 % de financement luxembourgeois en Lorraine

Entre le nord de la Lorraine et le Luxembourg, le mécanisme de financement est plus classique… et somme toute simple : le Grand-Duché prend en charge la moitié des coûts de réalisation des parking-relais (ou park&ride, P+R) sur la bande frontalière française, et la totalité de ceux de son propre territoire. Le premier précepte a ainsi prévalu pour la mise en service des P+R de Thionville-Metzange (montant total de 6,5 millions d’euros pour 764 places) début 2021, puis de la gare de Longwy (4,5 M€) en septembre 2024 et il s’applique à l’imminent parking-silo de la gare de Thionville (10,7 millions d’euros) en cours d’achèvement (629 places).

Côté luxembourgeois, le grand P+R de 1 600 emplacements à Rodange ouvert en avril 2023 sera rejoint par celui de Frisange destiné à offrir 750 places en deux phases entre début 2028 et 2030. A cette échéance, sept park&ride se concentreront entre Nord-lorraine et Sud-Luxembourg, en attendant quatre autres aujourd’hui en phase d’études.

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