Lorraine

Le Parc naturel régional fête 50 ans et plusieurs décennies de projets transfrontaliers

Cette année, le Parc naturel régional de Lorraine souffle 50 bougies et se lance dans trois projets Interreg qui explorent le patrimoine géologique, observent l’évolution des paysages et alimentent la bière bio.

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Itinérance aquatique © Parc naturel régional de Lorraine

Chassez le naturel, il revient au galop... en sautant les frontières. Au cours de la précédente programmation Interreg de la Grande Région (2014-2020), le Parc naturel régional de Lorraine (PNRL) a participé à trois projets consacrés à l’eau, à la laine et aux murs de pierres sèches. La structure, qui fête 50 ans, est partie prenante de deux nouveaux projets lancés ce début d’année dans le cadre d’Interreg VI. Au menu figurent le patrimoine géologique et minier et l’évolution des paysages confrontés au changement climatique. Un troisième, qui devrait être validé d’ici à la fin 2024, compte faire mûrir une filière brassicole biologique en manque de matières premières.

« L’habitude de travailler avec les collègues belges et luxembourgeois remonte à une bonne vingtaine d’années. Dans le cadre du programme européen Leader, nous avons constitué un réseau de Parc naturels de la Grande Région. Dans ce cadre, le PNRL a notamment participé à des festivals de jardins. Ces travaux nous ont donné l’habitude d’aller chercher les voisins pour monter des projets », explique Sophie Girault, responsable de la mission Attractivité du territoire et coopération au Parc naturel régional de Lorraine.

Carte aux trésors de la Moselle

Accessible en ligne depuis ce 4 juin, la carte interactive « Moselle sans frontières + », dont le PNRL est partenaire, exploite et élargit ainsi le champ de deux précédents projets, Terroir Moselle (Leader) et Via Mosel’ (Interreg). Le premier visait à promouvoir les acteurs viticoles, le second une offre oeno-touristique mariant les univers du vin et de l’architecture. Les touristes trouvent réunis dans « Moselle sans frontières + » l’ensemble de l’offre des régions arrosées par la Moselle – vin, produits du terroir, mobilités douces, etc.-, depuis sa source dans les Vosges en France jusqu’à sa confluence avec le Rhin à Coblence, en Allemagne.

Tous les projets Interreg auxquels le Parc a participé continuent de porter des fruits. L’objectif de Défi-laine (2017-2021), porté par l’association wallonne Filière Laine et regroupant des opérateurs belges, luxembourgeois et français, est même pleinement relevé. Productrice de la matière première, la Grande Région dispose désormais d’une filière de transformation locale. « La coopérative mosellane Mos-laine, qui collecte et transforme la laine, n’aurait sans doute pas vu le jour sans Défi-laine », affirme Marion Colnet, chargée de mission développement de filières économiques durables au PNRL. La coopérative est française, mais « la mise en réseau des acteurs a permis de développer des liens très forts avec les voisins, comme la dernière usine de lavage de laine en Europe, implantée à Verviers, en Wallonie », ajoute la jeune femme.

Itinéraires aquatiques et pierres sèches

« Itinérance aquatique » (2017-2020) devait, sous la houlette du PNRL, sensibiliser les populations au patrimoine de l’or bleu de manière ludique, en partenariat avec quatre autres parcs naturels des trois mêmes pays. Le spectacle jeune public créé pour l’occasion continue de tourner dans la Grande Région. Les sentiers d’interprétation sont utilisés par les guides nature du parc, dans le cadre des sorties qu’ils animent. « Les acteurs locaux se sont impliqués. À Réchicourt-le-Château, en Moselle, le sentier des Reflets du canal a été complété par une collectivité locale ! », s’enthousiasme Sophie Girault. Quant au projet « Pierre sèche » (2016-2022), il a notamment permis de former des demandeurs d’emplois et des agents communaux aux techniques de restauration des murets en Belgique, au Luxembourg et en France. Le site pilote de Dieulouard, en Meurthe-et-Moselle, réhabilité, a été inauguré le 25 mai dernier.

Patrimoine souterrain

La nouvelle salve de projets Interreg dont le PNRL est partie prenante a débuté en janvier dernier, avec « Sous nos pieds » (2021-2027). Animé par le parc naturel wallon de Gaume, celui-ci veut mieux connaître et faire connaître le riche patrimoine géologique naturel - géodiversité et biodiversité - et industriel de la Grande Région. Il réunit huit partenaires financiers et quatorze partenaires méthodologiques belges, luxembourgeois et français. « L’idée, c’est de valoriser un site par territoire pour créer un réseau de découverte à l’échelle de la Grande Région », précise Sophie Girault.

Depuis avril, le parc lorrain est chef de file d’« Horizont climatique » (2024-2028). Celui-ci réunit près de vingt partenaires dont, fait notable, des structures sarroises et palatines. Pourquoi les coopérations du PNRL avec les voisins germanophones sont-elles moins fréquentes ? Le fossé de la langue est en cause, mais le fonctionnement des parcs allemands qui, constitués de bénévoles, ne pourraient pas compter sur les équipes administratives nécessaires, est aussi mis en avant. « Horizont climatique » colle en tout cas à l’air du temps. « À la suite de la précédente programmation Interreg, les partenaires se sont réunis pour identifier les thématiques d’intérêt commun. Le changement climatique est vite remonté », explique Marion Colnet. Le projet veut enregistrer les impacts du changement climatique sur les paysages pour sensibiliser les populations et les acteurs locaux à leur préservation. Des clichés, pris régulièrement depuis des « observatoires photographiques », seront diffusés sur une plateforme numérique. Des points de vue seront aménagés pour valoriser des paysages emblématiques et rendre leur évolution visible. Des outils participatifs seront aussi développés pour imaginer les paysages de demain.

Brass’up bio

Pour faire baisser les températures, le PNRL se prépare à devenir chef de file d’un second projet Interreg, qui a déjà trouvé son nom : « Brass’up bio ». Celui-ci devrait débuter en 2025. « Nous nous situons sur un territoire de tradition brassicole ancien, avec une forte dynamique d’installations d’entreprises. L’objectif est de proposer aux artisans une offre biologique locale de malt et de houblon », souligne Marion Colnet.L’enjeu est tout à la fois d’accroître les volumes produits et d’élargir le catalogue avec des variétés locales et résistantes au changement climatique pour les artisans, estimés à 300 dans la Grande Région. Près d’une vingtaine de structures belges, luxembourgeoises et françaises sont d’ores et déjà parties prenantes, et des contacts sont noués pour tenter de mobiliser des partenaires en Sarre et en Rhénanie-Palatinat.

50 animations pour 50 ans

Depuis avril et jusqu’en décembre, l’équipe du Parc naturel régional de Lorraine déroule 50 animations pour célébrer ses 50 ans : sorties avec les guides nature, conférences, actions participatives… Un film rétrospectif du demi-siècle est aussi diffusé sur le site internet du parc. Plus de renseignements sur le site du PNRL.

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« Les reflets du canal » à Réchicourt-le-château. © Parc naturel régional de Lorraine

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