Sarre

Voici 80 ans, Sarrebruck renaissait d’un champ de ruines

Le 21 mars 1945, après une décennie de régime nazi et deux ans de destructions massives, Sarrebruck voit arriver les forces alliées. 80 ans plus tard, Hans-Christian Herrmann, historien et archiviste à la ville de Sarrebruck, rappelle les temps forts de la libération sarroise.

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Lien du destin, devant la synagogue de Sarrebruck. © Simon Mannweiler / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

Le 25 mars dernier, la ville de Sarrebruck a commémoré la libération, le 21 mars 1945, de la capitale sarroise par les forces franco-américaines. A cette occasion, Hans-Christian Herrmann, historien et archiviste à la ville de Sarrebruck, retrace les étapes de cet événement mémorable.

Opération Undertone

Le 13 janvier 1935, les Sarrois sont appelés à un référendum pour décider de leur avenir : rester sous la tutelle de la Société des Nations, ou choisir la réunification avec l’Allemagne hitlérienne. Plus de 90 % des Sarrois ayant voté pour le Vaterland (littéralement « patrie », détourné idéologiquement pendant le national-socialisme), le Bundesland est immédiatement réintégré.

Le 21 mars 1945, les soldats américains et français reprennent le contrôle de Sarrebruck et ouvrent le chemin vers la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. L’opération désignée sous le nom de code Undertone est un succès.

Malstatt et Burbach ravagés

Les Alliés trouvent une ville dévastée : on estime que 60 % de la ville est détruite, principalement à cause des bombardements américains entre 1942 et 1944.

« Les quartiers Malstatt et Burbach ont été ravagés par les bombardements. Cependant, relativement peu de personnes ont été tuées à Sarrebruck. Beaucoup d’habitants ont pu se réfugier dans les galeries souterraines initialement creusées pour l’ancien transit minier, puis reconverties pour le transport ferroviaire. L’exemple de Nantes présente un contraste frappant. Pour libérer l’Ouest de la France, les Américains ont dû bombarder cette ville jumelée de Sarrebruck. Etonnamment, davantage de personnes sont mortes à Nantes qu’à Sarrebruck », explique Hans-Christian Herrmann.

La mémoire de la Shoah

Des 100.000 habitants que comptait Sarrebruck avant la guerre avant, seuls 6.000 sont encore présent dans la capitale sarroise à l’arrivée des Alliés. Ces derniers, dans le cadre de la « dénazification », rétablissent rapidement le fonctionnement d’institutions démocratiques.

« Durant cette même année 1945, les Américains et les Français restituent les biens volés à la communauté juive, relancent les services postaux, l’hôpital civil et l’éducation » explique Hans-Christian Herrmann.

Aujourd’hui, la ville de Sarrebruck et les acteurs de la culture s’investissent pour faire perdurer la mémoire de la Shoah. Le service des archives civiles a réalisé un répertoire digital des personnes juives déportées et assassinées pendant la Seconde Guerre mondiale, enrichies de quelques informations personnelles si celles-ci ont pu être retracées. A l’aide de ce registre, la synagogue de Sarrebruck, la seule de Sarre, s’est enrichie il y a deux ans du « lien du souvenir », un mémorial en forme de bandeau, avec le nom de toutes les victimes recensées. Selon Hans-Christian Herrmann, le respect strict du devoir de mémoire en Sarre est l’héritage direct de l’amitié franco-allemande.

« Cet esprit de paix s’est développé grâce des personnalités sarroises, comme l’ancien ministre-Président Johannes Hoffmann et le résistant socialiste Max Braun, mais aussi des figures européennes, comme  Robert Schuman. Plus tard, des hommes politiques comme Jean-Marie Rausch, ex-maire de Metz et fondateur du réseau Quattropole, ont continué d’incarner l’amitié franco-allemande », explique Hans-Christian Herrmann, historien et archiviste à la ville de Sarrebruck.

Lors de ses voeux de bonne année en janvier dernier, le maire de Sarrebruck Uwe Conradt a réitéré sa volonté de renforcer l’amitié et les coopérations franco-allemandes.

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