Thiéfaine fait éclore les passions dans la francophonie

En 2022, Hubert-Félix Thiéfaine a invité son public à des retrouvailles intimistes dans une soixantaine de villes françaises. Par un extraordinaire coup de chance, la société familiale dijonnaise Lilith Édition | Lorelei Production avait fixé ses dates un an avant la pandémie dans des salles d’environ 2.000 places, correspondant aux jauges admises lors de la réouverture des spectacles.

Aujourd’hui âgé de 30 ans, le jeune guitariste a orchestré le groupe, le décor et la lumière des deux tournées de son père. En 2022, « Unplugged » a subjugué 70.000 spectateurs qui ont longuement applaudi le retour de l’artiste et la réécriture instrumentale quasi classique interprétée par quatre musiciens échangeant sur scène guitare, piano, violoncelle et saxo. « Mon but n’était pas de réécrire les œuvres musicales, mais de trouver des arrangements permettant aux bonnes personnes de s’exprimer librement tout en assurant la cohérence du son entre les chansons écrites en 1978 et celles de 2020 », explique Lucas Thiéfaine. Puisant dans le répertoire vertigineux des 18 albums de son père, le jeune homme promet avec « Replugged »  un spectacle complètement différent où deux musiciens supplémentaires interpréteront une vingtaine de morceaux, dont deux seulement communs à Unplugged.

Troisième étape de la nouvelle tournée, le Galaxie et ses 12.000 places affichaient déjà complet avant l’ouverture. Star confidentielle boudée des grands médias, Hubert-Félix Thiéfaine magnétise depuis quatre décennies un public conquis par son inimitable alchimie de gouaille punk, de rage rock et de poésie pure.

A l’âge de 12 ans, le Lausanois a découvert Thiéfaine comme une révélation. Durable, inébranlable et vivifiante, cette passion lui a inspiré en 2019 le seul-en-scène « L’ascenseur de 22 heures 43 », inspiré de l’un des titres phares de l’album « Tout corps vivant branché sur le secteur » (1978). Jouée en Suisse, à Paris et à Avignon, la pièce expose la passion assumée d’un fan.

Tout aussi émerveillé par le kaléidoscope de références poétiques, mythologiques, historiques, littéraires, mathématiques ou scientifiques de Thiéfaine, le journaliste et auteur franco-luxembourgeois Jean-Michel Gaudron a choisi de remonter quelques-unes de leurs sources. Six années de plongée dans les 170 textes de l’artiste lui ont permis de publier en 2019 « Exercice de simple éducation avec dix fois le mot paradis – dictionnaire amoureux d’Hubert-Félix Thiéfaine », riche de 850 entrées (Edition Le Lys bleu 2019).

L’auteur livre chaque semaine aux réseaux l’exégèse de l’une ou l’autre fulgurance du poète.

Entre autres particularités, Thiéfaine constitue le rare exemple de chanteur contemporain ayant inspiré une quasi-science : à l’Université Nice-Sophia Antipolis,  Francoise Salvan-Renucci mène au sein du laboratoire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants le Projet Thiéfaine – essai d’analyse du discours poétique et musical. Le poète a également inspiré plusieurs livres dont une biographie ("Hubert-Félix Thiéfaine – Jours d’orage », de Jean Théfaine, éditions Fayard-Chorus en 2005, le polar  "Entre 3 grammes et 5 heures du matin" (Jean-Charles Chapuzet, Presse du Belvédère, 2009) ou les Chansons déjantées de Thiéfaine illustrées par 25 auteurs (BD Fugues, 2007). Admiré pour son art, respecté pour sa personne, il incarne aux yeux de son public la complexité fascinante d’un grand poète contemporain et  la simplicité d’un homme de bien.