Panthère des neiges et pavots de l'Himalaya s’épanouissent au Jardin du Haut-Chitelet
L’un des seuls jardins d’altitude français a pour cadre les Crêtes vosgiennes. Les 2.500 espèces de plantes servent de décor à une exposition de photographies de Vincent Munier et à un riche programme d’animations, tout l’été au Haut-Chitelet.
Une panthère des neiges trône au milieu d’une rocaille, dans les Vosges à 1228 mètres d’altitude. Les regards d’une meute de loups arctiques transpercent l’ivoire de la neige, entre deux résineux. Un chat de Pallas guette le visiteur, au-dessus d’une zone humide. Le Jardin d’altitude du Haut-Chitelet, en bordure de la route des Crêtes, accueille l’exposition Blanc, de Vincent Munier. Le photographe et réalisateur y rassemble une vingtaine de clichés d’animaux polaires en grand format, pendant toute la saison d’ouverture jusqu’au 30 septembre. Enfant du pays, Vincent Munier a récemment connu la notoriété en France à travers le film La panthère des neiges (2021).
« Vincent Munier souhaitait soutenir la dynamique du jardin. Il voulait aussi exposer chez lui, dans les Vosges, et il trouvait pertinent de recycler une exposition. Les photos sont tirées de 3 pôles, présentés à la fondation Goodplanet de Yann-Arthus Bertrand, à Paris. Le blanc de la neige contraste d’une belle façon avec le vert des plantes », souligne Isabelle Bernardi, chargée de développement du Jardin d’altitude du Haut-Chitelet.
Conserver la beauté
Même si le dérèglement climatique change la donne, les précipitations et les températures relevées sur les crêtes vogiennes leur confèrent un climat comparable aux Alpes du Nord, à 1800 mètres d’altitude. Sur 11 hectares, le Jardin d’altitude – l’un des seuls en France - du Haut-Chitelet présente 2.500 espèces originaires des montagnes de toute la planète, aux côtés d’une hêtraie d’altitude et d’une tourbière.
Partie des Jardins botaniques du Grand Nancy et de l’Université de Lorraine, le site contribue à l’étude et à la conservation d’espèces régionales, telle l’anémone du Hohneck ; un programme de recherche récent a permis de découvrir de nouvelles espèces de fétuques (graminées). La flore alpine est la plus représentée avec, par exemple, la fameuse Edelweiss et tout un panel de gentianes bleues.
« On parle cependant bien de jardin d’altitude et non de jardin alpin ! Ici, nous cultivons des plantes qui vont des étages montagnards à nival [à limite des neiges dites éternelles, NDLR] ! Les connaisseurs se déplacent pour notre belle collection de pavots bleus de l’Himalaya, qui fleurissent en ce moment. La rocaille néo-zélandaise est très intéressante, avec ses plantes adaptées aux rayonnements UV, plus forts dans cette région du globe », s’enthousiasme Camille Fasolin, la jeune responsable des collections botaniques du jardin.
Infos et jeux en allemand
Planté par des jeunes horticulteurs allemands et français au milieu du XXe siècle, le site actuel, labellisé notamment Jardin botanique de France et des pays francophones, s’est engagé dans une nouvelle dynamique de développement touristique, ces dernières années. Depuis 2023, outre l’exposition photo saisonnière, des animations grand public – comprises dans le prix d’entrée - se déploient tous les vendredis de la saison d’ouverture, du premier week-end de juin jusqu’au 30 septembre. Les visiteurs écoutent les oiseaux, s’évadent à travers des contes, réalisent des impressions végétales, etc.
La fréquentation est au rendez-vous, en hausse de 16,7 % entre 2022 et 2023. À l’heure actuelle, les trois-quarts des visiteurs sont français, 10 % sont des Allemands et 6, 5 % des Belges. Pour attirer les voisins germanophones, les textes des panneaux d’informations et les livrets de jeux pour les enfants sont traduits.
Cette année, des sorties plus spécialisées complètent l’offre, en partenariat avec le Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine et le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, dans des zones remarquables à proximité. Ouverte le week-end dernier, la saison du jardin s’achèvera fin septembre avec un concert d’épinettes, instrument à cordes pincées traditionnel des Vosges.
Plus de renseignements sur le site internet du Jardin d'altitude du Haut-Chitelet.
© Vincent Munier/Julien Decollogne