Le Domaine de Mariemont invite les architectes européens à sa cure de Jouvence

Le 28 mai dernier, une rarissime jarre à vin chinoise du XVIè siècle était retrouvée par la police à Roubaix, dans le nord de la France, dans le cadre d’une coopération franco-belge de lutte contre le trafic d'œuvres d’art. La pièce avait été volée un mois plus tôt au musée royal de Mariemont, dans le Hainaut belge. Hasard du calendrier, ce fait divers coïncide avec le projet de revitalisation engagée sur l’ensemble du Domaine de Mariemont. La première étape, cruciale, a été franchie en juin, avec le lancement d’un concours d’architecture et d’architecture paysagère à l’échelon européen par la Fédération de Wallonie-Bruxelles.

Avec son arboretum, ses statues de Rodin et de Cléopâtre, ses fresques de Pompéï ou encore sa collection unique de porcelaines de Tournai, le domaine constitue en effet l’un des plus impressionnants joyaux patrimonial, muséal et paysager de Belgique. L’échelon du concours souligne bien la dimension européenne de ce lieu fondé au XVIè siècle par Marie de Hongrie, sœur de l’empereur espagnol Charles Quint. Le site de Mariemont est aussi passé entre les mains du roi de France Louis XVI ou encore de Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas autrichiens. Confisqué et vendu par la jeune République française, le bien avait été racheté et réhabilité par la dynastie industrielle wallonne des Warocqué. 

Le nom du cabinet d’architecture porteur du projet de revitalisation du Domaine de Mariemont sera connu en août 2025. La Fédération de Wallonie-Bruxelles, propriétaire de ce site de 45 hectares classés, situé sur la commune de Morlanwelz, et la Région wallonne ont prévu une enveloppe budgétaire de 54 millions d’euros. Les travaux sont envisagés sur dix ans - sans fermeture a priori. 

“Le Domaine doit renforcer son identité par la présentation cohérente des multiples activités”. Telle est, en substance, l’exigence finale fixée par la cellule “archi” de la Fédération, qui y inclut aussi “une stratégie énergétique et environnementale globale sur le Domaine”. Il abrite en effet le Musée royal, un Centre régional d’initiation à l’environnement (CRIE), une série d’autres bâtiments utilisés par les services techniques ou inoccupés, des plantations, des ruines et des œuvres d’art en plein air.

Collectionneur passionné et avisé, son dernier propriétaire, l’industriel Raoul Warocqué (1870-1917), avait légué à l’Etat belge le site, avec ses objets et œuvres témoignant d’une prédilection pour l’Antiquité et les cultures asiatiques : du monumental torii (portique japonais) en bronze de 1911, unique en Europe, au buste colossal d’une reine ptolémaïque. Le contemporain n’est pas absent comme l’évoque, entre autres, la présence de l’une des sculptures originales des “Bourgeois de Calais” de Rodin.

La dynastie Waroqué est également à l’origine du vaste parc du Domaine abritant une grande variété d’arbres, dont de nombreuses essences exotiques, des œuvres, des vestiges de château, etc. Parmi les défis lancés au futur auteur du projet, figure également celui d’une meilleure intégration de ce patrimoine paysager dans le parcours du visiteur. https://musee-mariemont.be/fr/exposition-bouddha-lexperience-du-sensible