Epinal, escale d’une création immersive à vocation internationale
Du 14 au 16 octobre, Epinal a accueilli les Rencontres internationales de la culture, de la connaissance et de l’immersif (Ricci). Le chef-lieu vosgien a montré la richesse de son équipement, le Grand Est a réaffirmé l’enjeu régional de la création immersive numérique et le think tank sarrois K8, partenaire de Ricci et du projet européen Impulse, en trace les perspectives transfrontalières et internationales.
La centaine de participants aux troisièmes rRencontres internationales de la culture, de la connaissance et de l’immersif qui se sont tenues les 14, 15 et 16 octobre dernier à Epinal n’a pas été accueillie par hasard au planétarium de la ville. Ce centre de diffusion de connaissance astronomique compte parmi les mieux équipés du monde, comme en témoigne le spectacle audiovisuel immersif« The Dark Side of the Moon », qui propose une expérience immersive rare pour fêter le cinquantième anniversaire du chef d’œuvre des Pink Floyd.
Avec son musée de l’Imagerie, son école d’art, son espace d’art contemporain La Lune en Parachute, le chef-lieu vosgien se prêtait tout particulièrement au thème de cette troisième édition des Ricci, « Accélérer l'innovation et l'excellence de la création immersive au cœur des territoires ».
« L’exemple d’Epinal démontre qu’il existe dans les territoires une foule de projets très innovants qui passent en-dessous des radars. Après deux premières éditions organisées à Metz, la rencontre d’Epinal a axé sa programmation sur la diversité des lieux de diffusion - musées, cinémas, planétariums, médiathèques ou bibliothèques -, et sur la dimension concrète d’une offre immersive et nomade », indique Antoine Roland, associé fondateur de l’agence Correspondances digitales, organisatrice de l’événement avec le conseil régional du Grand Est.
Une immersion sans frontière
Spécialisée dans l’accélération de projets culturels innovants, l’agence a mobilisé des acteurs régionaux, tels le Pôle muséal Métropole du Grand Nancy, le Centre de ressources et du patrimoine écrit en Grand Est ou encore, les musées de Reims et de Strasbourg pour présenter aux participants les dispositifs d’accélération de la création immersive. Mais les conférences ont également présenté une dimension nationale, avec une intervention du Centre national du cinéma lors d’une agora sur les financements, et internationale, avec une présentation, par le relais Culture Europe, de l’internationalisation des projets culturels.
La dernière édition des Ricci, qui s’est tenue à Metz le 19 juin dernier en amont du festival numérique messin Constellations, a invité les voisins belges KiKK de Namur, la Kunsthalle de Mulhouse ou encore, l’institut K8, basé à Sarrebruck.
Impulse, laboratoire du patrimoine numérique européen
Partie prenante des trois éditions de Ricci, K8 est également partenaire du projet de recherche européen Impulse (IMmersive digitisation : uPcycling cULtural heritage towards new reviving StratEgie), lancé en février 2024. Ses 11 composantes entendent réinscrire le patrimoine culturel dans des processus de numérisation. L’un des exemples les plus connus de l’interaction entre art, création et numérique est apparu au grand public lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, quand il s’est avéré que le jeu vidéo Assassin’s creed possédait des reconstitutions numériques particulièrement riches de la cathédrale détruite.
Julia Hartnik, co-directrice de K8. DR
« Impulse étudie la conception des prototypes et les conditions à réunir pour faire des œuvres numériques quelque chose d’intéressant et d’utile. Cette «community of practice » compte des membres belges et allemands, mais pas de partenaires de France ou du Luxembourg, où il se passe pourtant beaucoup de chose. C’est pourquoi nous nous impliquons dans un rapprochement », explique Julia Hartnik, co-directrice de K8.
K8 Institut für strategische Ästhetik a été fondé en 2015 par la Hochschule der Bildenden Künste Saar en tant qu'institut de recherche dans le domaine du design.
Numix Lab, charnière vers le Québec
A peine revenue d’Epinal, où elle a coaché un groupe de jeunes porteurs de projets, Julia Hartnik esquisse des pistes de coopérations. Côté Sarrois, de nombreuses institutions dont la Volklinger Hütte ou le Musée historique de la Sarre portent ou produisent des projets numériques immersifs. La France, qui soutient l’émergence de la filière immersive depuis plus de 15 ans, pourrait trouver en Sarre un accès direct aux pays germanophones tels l’Autriche ou la Suisse.
L’Allemagne organisera du 25 au 29 novembre prochain à Munich, Leipzig et Berlin la cinquième édition du Numix Lab, événement international organisée par Xn Québec, l’association des producteurs d’expériences numériques du Québec et Correspondances digitales, également artisan des Ricci. Dans le monde numérique, l’immersion internationale franchit les frontières à la vitesse de la lumière.
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