A Hombourg-Haut, le Chœur d’Hommes chante une longue histoire
Fondé voici 160 ans par la famille Gouvy, le plus ancien chœur de Lorraine fait rayonner en France et en Europe l’héritage ouvrier et culturel de Hombourg-Haut. La voix des chanteurs donne aussi de l’écho au patrimoine médiéval de la petite commune mosellane.

Ils se produisent à la collégiale de Hombourg-Haut (Moselle), s’exportent en France entière, dans la Grande-Région et au-delà, figurent sur les plus grandes plates-formes musicales internationales… Les 70 chanteurs du Chœur d’Hommes de Hombourg-Haut – dirigés depuis 2020 par une femme, la cheffe Patricia Czekala - forment la plus ancienne chorale de Lorraine, et leur voix n’est pas près de s’éteindre. Elles résonneront avec une fierté toute particulière en cette année 2025, qui marque le 160 anniversaire de leur création. La chorale prévoit a minima 16 concerts, dont le prochain a lieu dimanche 23 mars dans le petit village mosellan d’Adelange. Les chanteurs se produiront également au Festival international des Chœurs d'Hommes de Riquewihr du 20 au 22 juin prochain.
Chanter plutôt que boire
La fondation, en 1865, de la Société Chorale des établissements Gouvy, alors implantée à Goffontaine (actuel quartier de Schafbrücke à Sarrebruck), tient à la fois aux hasards de l’histoire, aux contingences de la métallurgie et à un paternalisme assumé.
Originaire de Wallonie, mais établie en Sarre, la famille a racheté en 1850 les usines de Wendel à Hombourg-Haut, en Moselle. La chorale fut créée pour dissuader ouvriers et employés de traîner dans les cabarets. Vingt ans plus tard, l’annexion de la Moselle a conduit Alexandre Gouvy à acquérir une autre usine côté français. L’usine de matériel de jardinage Gouvy de Dieulouard (Meurthe-et-Moselle) a subsisté jusqu’en 2010, avant d’être reprise par un groupe rhône-alpin. Frère d’Alexandre, Théodore Gouvy allait devenir l’un des compositeurs français les plus renommés de son époque.
De la villa à l’Institut
Exceptionnellement riche, l’œuvre de Gouvy serait peut-être tombée dans l’oubli sans la ferveur du Chœur d’Hommes et des amoureux de la musique de chambre.

Sylvain Teutsch, président-fondateur de l’Institut Goucy. DR
« Ce sont les rencontres musicales créées en 1990 par le Chœur d’Hommes qui ont initié la création de l’institut Gouvy à Hombourg-Haut en 1995 », rappelle Sylvain Teutsch, fondateur et président de l’Institut.
Musicien et chanteur, ce retraité de la police nationale a présidé durant près de vingt ans le Chœur d’Hommes de Hombourg-Haut tout en se consacrant corps et âme à la réhabilitation de l’œuvre de Gouvy. Implantée dans la Villa éponyme, désormais propriété de la commune hombourgeoise, la grande bâtisse édifiée par Alexandre Gouvy abrite désormais un fonds historique et un centre de recherche. En 2019, un colloque international a répertorié en 384 pages les dernières recherches sur le compositeur lorrain.
La voix de d’une Cité de caractère
Lors de leurs répétitions, les choristes est-mosellans font vibrer un monument bien antérieur à l’ère industrielle. Leurs voix résonnent dans le couvent des Récollets, lui-même adossé à la collégiale de Hombourg-Haut, édifiée au XIIIème siècle.
« En juin dernier, l'évêque de Metz s’est rendu à Hombourg-Haut lors des célébrations du 770ème anniversaire de la ville et le Choeur d’Hommes y a consacré une chanson », indique Pierre Pirot, adjoint au patrimoine et à la culture de la ville.

Pierre Pirot, adjoint au patrimoine et à la culture de Hombourg-Haut.
Interprétant aussi bien le répertoire sacré que du gospel ou des chants folkloriques, le Chœur d’Hommes chante aussi l’histoire de cette petite ville labellisée Cité de caractère, qui n’a oublié ni ses racines médiévales, ni sa tradition ouvrière. Le concert d’anniversaire prévu le 26 octobre prochain à l’abbatiale fera résonner cette longue mémoire.

La Collégiale de Hombourg-Haut. Copyright Ville de Hombourg-Haut.
© Institut Gouvy, Jean-Marie Guzik